La non-monogamie consensuelle : mode de vie sain ou dépendance ?
Tomber dans les pommes. Tomber dans la drogue. Tomber sous le charme. Tomber en amour. Tant d’expressions de notre belle langue avec ce petit verbe, TOMBER, qui évoque la perte de contrôle et l’impuissance devant l’inévitable. Ça me fait penser aux dépendances, qui elles, sont aussi un phénomène de perte de contrôle sur son comportement en lien avec des personnes, des activités ou des substances.
Depuis plusieurs années, je navigue dans le milieu non-monogame et j’observe, via des groupes Facebook, le comportement de mes pairs. J’ai remarqué à plusieurs reprises le même phénomène chez certaines personnes qui arrivent pour la première fois dans le milieu. Rapidement, la cadence de leurs rencontres augmente, les efforts déployés aussi et les expériences vécues grimpent en intensité. Les photos partagées sur les réseaux sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus suggestives également. Devant ces constats, le sujet s’est mis à m’intéresser sérieusement et j’ai voulu vérifier si mes hypothèses à propos de ce phénomène avaient un peu de vrai. Une question importante me tournait en tête, il me fallait une réponse.
« Et si le mode de vie associé à la non-monogamie consensuelle était parfois motivé par une forme de dépendance ? La réponse est… OUI!»
Photo: ROMAN ODINTSOV
La non-monogamie consensuelle? C’est quoi ça?
La non-monogamie consensuelle (non-monogamie éthique, libertinage, pour nommer quelques autres noms) est une orientation relationnelle dans laquelle les partenaires s’entendent de manière consensuelle pour avoir d’autres partenaires sexuels et/ou amoureux en dehors de la dyade amoureuse d’origine. Par opposition, la non-monogamie non consensuelle fait référence à l’infidélité telle qu’on la connait habituellement et la monogamie mutuelle, elle, est l’adoption d’une exclusivité sexuelle et amoureuse par les deux partenaires de la dyade. (Conley, Moors, Matsick et Ziegler, 2013). Ce qui distingue donc les non-monogames consensuels des infidèles, c’est la communication. Les premiers vont convenir ensemble des règles à suivre et des partenaires qu’ils peuvent fréquenter tandis que les infidèles, eux, vont cacher à leur partenaire principal leurs activités de séduction, sexuelles ou amoureuses qui se déroulent en dehors du couple nid.
Au Canada, la non-monogamie consensuelle est un mode relationnel qui serait adopté par près de 20% de la population selon une étude menée sur plusieurs milliers de participants. Dans cette étude, 13,5 % des participants se considéraient en couple ouvert et 6,8% se disaient polyamoureux. On aurait pu penser qu’il s’agit d’une pratique marginale et rare puisqu’elle est peu représentée dans les médias, mais il n’en est rien. On pourrait aussi penser qu’il s’agit d’un mode relationnel non fonctionnel et voué à l’échec, mais la même étude met en lumière que les couples présentent les mêmes niveaux de satisfaction relationnelle, d’intimité, d’engagement et d’équité relationnelle (Séguin et al, 2017). Concernant l’infidélité, dans une étude comparative sur les pratiques sexuelles des individus monogames et non-monogames menée par Lehmiller (2015), on apprend que 24,4% des participants qui se considèrent monogames rapportent des relations sexuelles en dehors de leur dyade. Statistiquement, il y aurait donc plus d’infidèles monogames que de non-monogames consensuels. Oups!
Être ou ne pas être…dépendant : les critères diagnostiques
La dépendance est un phénomène qui se produit quand une personne ne peut plus se passer de quelque chose. Les dépendances les plus connues concernent souvent des substances comme l’alcool, la cigarette, la caféine ou encore les drogues dures. Il existe aussi des dépendances comportementales, comme le jeu pathologique, par exemple, qui est la seule dépendance comportementale ayant un diagnostic officiel selon les ouvrages de référence médicaux. Dans le manuel diagnostique des troubles de santé mentale (DSM-5), les critères qui reviennent le plus souvent pour émettre le diagnostic de dépendance concernent surtout : la détresse psychologique causée par la dépendance, surtout quand la personne ne peut pas consommer ou faire ce à quoi elle est dépendante, les problèmes du fonctionnement général engendrés par la dépendance (problèmes au travail, dans la famille, problèmes sociaux, etc.), l’augmentation de la quantité ou de l’intensité de la consommation dans le temps qui témoigne d’un phénomène d’habituation appelé « tolérance », le désir persistant de consommer l’objet de sa dépendance et les « craving « , le temps important consacré à la consommation ou aux activités en lien avec la consommation, la poursuite de la consommation malgré les conséquences négatives qu’elle induit dans la vie de la personne, l’abandon d’autres activités sociales ou professionnelles pour mieux se consacrer à la consommation et même de relations significatives si elles entrent en conflit avec le besoin de consommer, l’apparition de symptômes de sevrage (maux de tête, irritabilité, agitation, humeur dépressive, anxiété, etc.) quand la personne ne peut pas consommer, etc. (APA, 2016).
La dépendance, ça se crée comment?
La dépendance, c’est une affaire de cerveau, de chimie et de récompense. Lorsqu’on fait quelque chose qu’on aime, qui nous fait du bien (dont la sexualité, par exemple), notre cerveau réagit en produisant des substances chimiques (neurotransmetteurs) et des hormones. L’une d’entre elles, la dopamine, est fortement associée au plaisir. Elle nous fait ressentir la gratitude, la joie et l’euphorie, c’est la récompense ultime pour avoir fait cette action bonne pour nous. Normalement, ce neurotransmetteur sert à nous faire reproduire des comportements qui sont nécessaires à notre survie. On prend donc plaisir à manger, dormir, se reproduire, etc. Par contre, quand la dopamine est relâchée en trop grande quantité, trop longtemps, et qu'elle est associée à des gestes en particulier, ou des substances, il peut se créer une perturbation de ce circuit de récompense. Le cerveau s’habitue, c’est le phénomène de la tolérance. Pour déclencher de nouveau la récompense qu’est la dopamine, il faudra augmenter les doses, augmenter la fréquence ou l’intensité de l’activité. Animée par le souvenir du plaisir ressenti les fois précédentes, la personne devra donc déployer des efforts supplémentaires pour ressentir de nouveau cette joie. C’est ainsi que la dépendance s’installe, petit à petit (Drogue : aide et référence, 2023).
Voici d’ailleurs quelques statistiques intéressantes au sujet de quelques dépendances comportementales en lien avec le sujet qui nous occupe:
Globalement, 5 à 25% des gens auraient une dépendance aux réseaux sociaux. Ce chiffre varie en fonction des cultures et des populations (Cheng et al, 2021).
La dépendance au sexe est estimée toucher environ 2% de la population (Odlaug et al, 2013) et, bien qu’elle n’ait pas été incluse au DSM-5 à cause du manque de données pour bien établir le diagnostic, son inclusion a été largement débattue.
Dans une étude française sur l’utilisation de substances pour améliorer la sexualité, autrement appelé « chemsex » ou sexe chimique, les chercheurs ont découvert que 22% des répondants avaient utilisé des substances pour améliorer leur sexualité et le tiers d’entre eux y ont eu recours à plus de cinq reprises dans le mois précédent l’étude. Dans cette même étude, un lien est fait entre le « chemsex » et les utilisateurs d’applications de rencontre (Malandain et al, 2021).
Photo: Tim Gouw
La plus douce et acceptable des dépendances : l’amour et la séduction
L’amour, en particulier dans les premiers stades de la relation, partage plusieurs similitudes avec les dépendances comportementales et les dépendances aux substances. En effet, les sentiments de passion romantique engagent eux aussi les régions du cerveau liées à la récompense et les circuits de la dopamine, en plus d’activer d’autres hormones d’attachement, comme l’ocytocine qui procurent aussi du plaisir. Comme les autres types de dépendances, la personne amoureuse va mettre beaucoup d’énergie, de temps, de pensées et d’actions pour réaliser son but amoureux, passer du temps avec l’être aimé et s’engager dans des activités avec cette personne. Les pensées et les actions peuvent même devenir quasi obsessionnelles. Par exemple, la personne pense à l’autre et ses gestes sont orientés en fonction de bonifier cette nouvelle relation (messages, photos, petites attentions, sorties, organisation du budget, etc). Des sensations de plaisirs, d’euphorie, de plénitude sont ressenties et la personne va chérir les souvenirs heureux et chercher à les reproduire, les allonger, les multiplier (on reconnait ici le phénomène de la tolérance), tout comme dans les autres types de dépendances. D’ailleurs, la passion amoureuse et séductrice s’estompe généralement avec le temps, encore une manifestation de la tolérance. (Burkett et Young, 2012, Fisher et al., 2016, Reynaud et al., 2010).
Bien que cette dépendance soit habituellement positive quand les sentiments sont partagés et sains, en cas de rupture ou de sentiments non réciproques, elle devient toxique et destructrice. Dans ces cas, la personne va ressentir une tonne de symptômes qui vont fortement s’apparenter au sevrage comme les cris, les pleurs, la dépression, la perte d’appétit, la léthargie, l’anxiété, les troubles de sommeil, l’irritabilité ou encore, même développer des comportements violents et/ou autodestructeurs. Les dépendants aux substances/drogues ont ces mêmes types de comportements et d’effets quand ils sont privés de leur substance (Fisher et al, 2010).
Quand la non-monogamie peut devenir une dépendance
Maintenant, je vous entends me demander : mais quel est le rapport entre la non-monogamie et la dépendance? J’y arrive à l’instant! Non seulement le milieu non-monogame gravite autour de plusieurs composantes à risque de dépendance (consommation de substances, dont l’alcool dans les partys libertins, chemsex, usage des réseaux sociaux et applis de rencontre), mais le sexe, la séduction et l’amour sont eux aussi à risque de développer des dépendances. Les gens sont amenés à vivre des sensations fortes, incluant des sentiments amoureux, de l’adrénaline, des expériences sexuelles intenses ainsi qu’une variété de plaisirs entourant la séduction et le contact physique avec une ou plusieurs autres personnes, à un rythme plus rapide et en quantité plus grande que les monogames. Quand on mélange tous ces éléments dans un seul mode de vie, on peut facilement créer un cocktail explosif, hautement addictif, comme en témoignent mes observations personnelles sur les réseaux sociaux dans les dernières années. Il ne s’agit pas que de dépendance au sexe ou à une personne, mais bien d’un mode de vie relationnel et sexuel complet dont toutes les caractéristiques s’articulent autour du plaisir et de la récompense.
Quand on demande aux non-monogames pourquoi ils ont adopté ce mode de vie, ils répondront surement en termes de valeurs de liberté, de respect, de compersion et j’en passe. Est-ce que la non-monogamie n’est pas plutôt la réponse que certains individus ont trouvée à la tolérance de leur cerveau à leur relation amoureuse en cours? Est-ce que ce besoin de multiplier les amours et les partenaires sexuels ne serait pas le fruit, en réalité, d’une dépendance aux plaisirs de l’amour et de la sexualité?
Photo: Cottonbro Studio
À mon sens, tout libertin devrait donc se questionner sur sa “consommation” du libertinage, de la séduction et du sexe, de la même manière que quelqu’un qui ingère des substances addictives devrait le faire.
Est-ce que je suis triste ou anxieux quand je ne peux pas libertiner ou que je n’ai personne avec qui flirter?
Est-ce que mon libertinage m’a causé des problèmes familiaux, au travail, ou dans d’autres sphères de ma vie?
Est-ce que la fréquence de mes rencontres, la quantité de partenaires, augmente? Est-ce que j’ai de plus en plus vite besoin d’un nouveau trill, d’un nouveau fantasme à réaliser?
Est-ce que mon désir de libertiner et séduire occupe mes pensées sous forme de désir persistant et de “craving”?
Est-ce que le temps que j’alloue au libertinage (messagerie, sortie, groupes facebook, applis de rencontre, etc) est important ou va en augmentant?
Est-ce que j’ai envie de libertiner et séduire même quand des conséquences négatives de ce mode de vie apparaissent (problèmes de couple, financiers, sentiments négatifs, etc)?
Est-ce que j’ai abandonné d’autres activités pour me réserver plus de temps pour le libertinage?
Est-ce que j’ai mis fin à certaines relations parce qu’elle ne cadraient plus dans mes activités de libertinages (entre autre, s’éloigner des amis non libertins)?
Est-ce que je ressens des symptômes de sevrage (maux de tête, irritabilité, agitation, humeur dépressive, anxiété, etc.) après un événement ou une sortie intense, ou quand je ne peux pas libertiner?
Si la réponse est oui à une ou plusieurs de ces questions, il est serait peut-être intéressant de faire un bilan de votre situation pour vérifier si ce mode de vie n’est pas devenu une dépendance pour vous. Si la réponse est oui à toutes ces questions, vous présentez la majorité des critères qui orientent vers une dépendance avérée, donc il pourrait être nécessaire de vous faire aider par un professionnel pour mieux gérer votre consommation.
Le mot de la fin
Comme nous l’avons vu, les similitudes sont frappantes entre les problématiques de dépendances et certains comportements en lien avec la non-monogamie consensuelle, comme la multiplication des partenaires, l’augmentation de la fréquence des rencontres sexuelles et l’augmentation en intensité des moyens déployés pour trouver un partenaire et vivre des expériences toujours plus stimulantes.
Plus d’études seraient nécessaires pour faire le lien entre ce mode de vie et la dépendance, faire le lien également entre ce mode de vie et la monogamie en série (multiplication de relations de courte durée, sans engagement à long terme) ou encore le BDSM, qui pourraient présenter les mêmes caractéristiques en lien avec une forme de dépendance comportementale. Des études globales pourraient aussi mettre en lumière les processus généraux entourant les dépendances comportementales et déboucher sur une toute nouvelle forme d’évaluation diagnostique de ces troubles de santé mentale.
En terminant, si vous remarquez une augmentation de vos pratiques sexuelles et non monogame, une baisse de plaisir, des pensées envahissantes au sujet de partenaires ou de la séduction ou si vous avez un doute sur votre état général en lien avec votre consommation de la non monogamie consensuelle, vous pouvez visiter le site web du Centre québécois de lutte aux dépendances pour connaitre les meilleures ressources pour vous aider. L’organisme aide les gens qui se battent contre les dépendances de toutes sortes, autant comportementales qu’aux substances. Ils seront en mesure d’apporter de l’aide, de l’information et des ressources complémentaires pertinentes.
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à vous joindre au groupe Facebook « La Kinky Room » qui regroupe les gens ayant un intérêt autour des pratiques sexuelles alternatives (kinky, libertinage, BDSM, etc.). Vous pourrez y poser toutes vos questions sur le sujet, rencontrer des gens qui ont les mêmes centres d’intérêt que vous ou encore faire des rencontres plus croustillantes si vous le souhaitez. Pour être ajouté à ce groupe privé, veuillez contacter Lady Bébelle par courriel via le formulaire de contact.
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